📰 Article paru dans Ouest France, le 1er juin 2023

Avocate au barreau de Rennes (Ille-et-Vilaine), Marie Blandin est une spécialiste des violences sexuelles et sexistes. Elle ne défend que des victimes. Un choix militant et féministe pour celle qui veut « porter la voix des sans voix ».

« J’ai toujours voulu être avocate », dit Marie Blandin. Issue d’une famille monoparentale, elle a grandi en Bourgogne avec sa sœur et une mère institutrice. Une enfance ponctuée par des séjours à l’hôpital. Atteinte d’une maladie génétique qui provoque une malformation des tendons et des os, elle a subi dix-sept opérations :  Ma mère me disait que c’était une guerre et que je la gagnerais. J’étais un bon petit soldat et je voulais me battre. 

De là, sans doute, vient sa persévérance. L’avocate quadragénaire s’est fait connaître en se démenant pour faire juger aux assises un viol par pénétration digitale. On le lui avait déconseillé : en général, ce type d’affaire atterrit devant un tribunal correctionnel.  Une folie  donc et une première en Ille-et-Vilaine. Mais une victoire, obtenue en mars 2021 pour des faits remontant à 2018.

L’agresseur a été condamné à sept ans de prison.  C’est une grande avancée pour la cause des femmes, avait-elle commenté à l’époque. La cour a rappelé que la loi ne distingue pas la nature de la pénétration sexuelle pour qualifier un viol, qu’il s’agisse d’une pénétration par le sexe, un doigt, un objet… Le viol est constitué dès lors que cette pénétration a été obtenue par violence, surprise, menace ou contrainte. 

Même persévérance lorsque des agressions sexuelles sont prescrites.  On dépose plainte quand même. Systématiquement. Parce qu’une enquête va être ouverte, que l’agresseur va tout de même être entendu. Ce n’est pas rien pour une victime.