La vieille dame, son magot et le « gigolo » de la croisière

C’est ainsi que le Monde résume cette triste histoire pour laquelle j’ai eu l’honneur de défendre avec Christophe Loison , la famille de Françoise, une femme abusée par un homme sans aucun scrupule qui a procédé à un véritable pillage, siphonage de son patrimoine au point de la laisser finir sa vie dans un appartement minuscule et sordide

Il lui avait fait vendre à la va vite et à vil prix sa magnifique maison de 177 mètres carrés avec jardin vue sur mer à Locquémeau où elle résidait depuis plus de 20 ans pour l’installer dans un 44 mètres carrés sans aucun aménagement pour une personne de son âge venant de subir une opération de la hanche.

Ses meubles de famille avaient été vendus, il ne lui restait plus que les vieilles étagères rouillées du garage pour ranger ses effets personnels.

Elle n’avait plus de quoi réparer sa voiture ou faire ses courses dignement après l’évaporation de son patrimoine à l’initiative d’un homme que j’ai qualifié de prédateur hier parce qu’il enchaînait les croisières à la recherche de vieilles dames fortunées. Françoise n’était évidemment pas la seule…

La famille de Françoise espère que le 25 mai cet homme sera pour toujours empêché de détruire la fin de vie d’une vieille dame.

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Un homme soupçonné d’abus de faiblesse sur une octogénaire

📰 Article Ouest France du 17 mars 2023

Le mis en cause, âgé de 58 ans, était jugé, ce jeudi 23 mars 2023, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) pour avoir abusé de la faiblesse d’une femme de 2018 à 2021, année de son décès, à 82 ans. Quatre ans de prison ont été requis à son encontre. Le jugement sera rendu le 25 mai 2023.

Fin décembre 2021, dans le Trégor, un homme et une femme découvrent que les comptes bancaires et les assurances vies de leur mère, décédée quelques semaines auparavant à 82 ans, sont quasiment vides. Elle avait pourtant vendu, dans les dernières années de sa vie, sans en avertir sa famille, tout son patrimoine immobilier, dont sa maison près de Lannion (Côtes-d’Armor) et des biens en région parisienne, pour plus de 500 000 €.

Très vite, ils ont des doutes au sujet d’un homme, que leur mère avait rencontré lors d’une croisière, en novembre 2018. Depuis cette date, elle ne leur parlait plus. Ses deux enfants décident de porter plainte pour abus de faiblesse. Ce jeudi 16 mars 2023, le quinquagénaire était jugé devant le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, pour « abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne vulnérable ».

« On a eu une relation amoureuse très forte »

Les croisières, il adore ça. Il a aussi « deux addictions : le jeu et les femmes », explique-t-il. Le jeu, c’est au casino. Lors d’une croisière en novembre 2018, c’est autour des machines à sous que cet homme qui habite le sud de la France et qui a déjà été condamné pour abus de confiance et escroquerie, rencontre la Trégoroise. Il a 53 ans, elle a 79 ans. « C’est elle qui m’a vu, ce n’est pas moi qui ai fait la démarche. »

« On a sympathisé, il y a eu une petite approche, on s’est embrassé. Elle a voulu mon numéro de téléphone. Après la croisière, on s’appelait tous les jours. Elle était joyeuse, elle était bien, elle m’a invité en Bretagne. On a eu une relation amoureuse très forte. »

La croisière s’est déroulée du 3 au 10 novembre 2018. Le 28 novembre 2018, Monique signe un chèque à cet homme, de 25 000 €. Le premier d’une longue série de chèques et de virements. Sans oublier des cadeaux, dont deux montres, d’une valeur de 33 000 et 15 000 €, qu’il revendra quelque temps plus tard.

« Il a isolé mamie »

À l’audience, la défense du prévenu est la même pour chaque transaction : « C’est elle qui me donnait de l’argent parce qu’elle le voulait. Je lui disais que ça allait m’amener des problèmes avec sa famille, elle me disait que non, qu’elle était brouillée avec ses proches et qu’elle s’occupait de tout ça. »

Pour les enquêteurs, ce n’est pas aussi limpide. Leurs investigations concluent au détournement de plus de 300 000 € par le mis en cause. L’a-t-il poussée à vendre ses nombreux biens immobiliers ? Il assure que non, mais les enfants de cette femme jurent avoir découvert toutes les ventes après son décès. Et ils découvrent qu’à la fin de sa vie, leur mère, qui avait vendu sa maison de près de 200 m , pour aller vivre dans un appartement d’à peine 40 m , n’avait plus assez d’argent pour ses courses alimentaires. Ils ont appris aussi à l’audience que l’accusé avait plusieurs maîtresses, enchaînaient les croisières et les rencontres avec des femmes âgées. Pour un des petits-fils de la victime, « il a isolé mamie. Je voudrais que cet homme se rende compte du mal qu’il a fait à notre famille ».

« L’histoire d’amour, vous n’en croirez rien »

Le procureur de la République, Nicolas Heitz, n’a pas trouvé de circonstances atténuantes dans ce dossier. « On est au paroxysme de l’abus de faiblesse, c’est un prédateur qui aime les croisières, pour rencontrer une femme, la séduire et lui prendre son argent. »
Il a enfoncé le clou : « L’histoire d’amour, vous n’en croirez rien, c’était surtout pour assouvir son vice pour le casino. Tout l’argent a été englouti dans les machines à sous et les tables de jeu. » Il a requis quatre ans de prison, dont deux ans ferme, et l’obligation d’indemniser les victimes. Le jugement a été mis en délibéré au 25 mai 2023.