« Violée par son mari pendant 24 heures, elle a…
📰 Article publié par Le Journal de Vitré, le 13 décembre 2022
Près de Vitré : violée par son mari pendant 24 heures, elle a cru mourir
Un sexagénaire de Saint-Didier a été condamné à douze ans de réclusion criminelle pour viol conjugal. Des faits d’une extrême violence qui remontent au mois de décembre 2017.
Un sexagénaire a été condamné ce lundi 13 décembre 2022 à douze ans de réclusion criminelle par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine pour les « viols » qu’il avait imposés pendant 24 heures à son épouse à Saint-Didier (Ille-et-Vilaine) en décembre 2017 après qu’elle lui ait annoncé son intention de divorcer.
Ce jour-là, l’homme âgé de 62 ans aujourd’hui, avait notamment contraint son épouse à lui faire une fellation en l’agenouillant de force sur des éclats de verre brisé et en la « griffant » avec un couteau de boucher dans le dos sur plus de 27 cm.
2,24g d’alcool par litre de sang
Sa femme, 56 ans, n’avait dû son salut qu’à l’une de ses collègues de l’équipe de nuit de l’usine Thales d’Etrelles, qui était informée des violences de son mari : le 5 décembre 2017 à 16h25, celle-ci s’était inquiétée auprès des gendarmes de Châteaugiron de son absence inhabituelle au travail la veille au soir et du fait qu’elle ne répondait pas à ses appels.
Quinze minutes plus tard, les militaires s’étaient donc rendus dans le lotissement où vivait le couple : après s’être annoncés sans succès à la porte, ils avaient décidé de rentrer malgré l’absence de réponse en raison d’une « forte odeur de brûlé ».
Interpellation mouvementée
Les gendarmes avaient retrouvé l’homme en peignoir, les yeux « injectés de sang », et tenant des propos « incohérents » et « répétitifs ». Trois heures plus tard, l’éthylomètre affichait en effet toujours 2,24 g d’alcool par litre de sang. Son interpellation, mouvementée, obligera d’ailleurs les gendarmes à se servir de leur pistolet à impulsions électriques.
A genoux sur du verre brisé
Sa femme avait elle été retrouvée « prostrée » dans le lit, blessée au bras. Son mari lui avait en effet « entaillé les doigts et les mains ». Il avait au préalable brisé deux verres au sol alors qu’elle débarrassait la table, et l’avait « prise par les cheveux pour l’obliger à se mettre à genoux » avant de l’agresser sexuellement.
Convaincue de mourir et « voulant laisser des traces et des preuves pour qu’on comprenne ce qu’il s’était passé », la victime était parvenue par la suite à « cacher des caillots de sang » dans sa salle de bains. Son mari l’avait enfin obligée à avaler un anxiolytique et un somnifère. C’est dans ce contexte qu’elle s’était réveillée le lendemain et que les gendarmes étaient arrivés chez elle.
Premier viol trois mois plus tôt
L’enquête avait permis d’établir par la suite que la quinquagénaire avait subi un premier viol trois mois plus tôt. C’était alors en revanche « la première fois » que son mari avait un tel comportement avec elle, dira plus tard la victime aux gendarmes. En 31 ans de mariage, il l’avait « toujours respectée » jusqu’alors.
Mais un autre épisode de violences avait été révélé, par la même occasion. Le 22 octobre 2017 : leur voisine et son gendre avaient vu l’homme sortir avec deux carabines pour contraindre son épouse à rentrer chez eux après une dispute. Il l’avait déjà prévenue que « la balle allait traverser la porte » quand elle avait voulu se renfermer dans leur salle de bains…
Remis en liberté en 2019
Lors de son procès devant la cour d’assises, cet ancien employé de l’usine Citroën, en invalidité depuis 2011, comparaissait libre, sous contrôle judiciaire. Placé en détention provisoire dès le 7 décembre 2017, il avait été remis en liberté en avril 2019 à cause d’un vice de procédure.
Le juge d’instruction avait néanmoins pris en urgence une ordonnance pour le placer sous contrôle judiciaire ; il avait alors été obligé de partir vivre chez sa mère de 91 ans à Montfort-sur-Meu.
Du rosé dès 10h du matin
Selon l’audition des deux fils du couple, leur mère avait pris un travail de nuit chez Thales depuis dix ans « pour compenser la perte de salaire » de leur père. Il lui faisait au passage « beaucoup de réflexions sur le fait qu’elle dormait la journée ». Pendant ce temps, lui buvait « du rosé à 10h » et « du Ricard et du vin rouge » à partir de midi et jusqu’à son coucher vers 20h, détaillera plus tard sa femme aux enquêteurs.
Ma cliente a survécu grâce à l’amour que lui portent ses fils.Me Marie Blandin, avocate des parties civiles
Lors de sa plaidoirie ce lundi 12 décembre 2022 à Rennes devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine, Me Blandin a ajouté : « Aujourd’hui, ils ont scié une branche de leur arbre généalogique et veulent que la justice soit rendue. »
« Elle a aussi été sauvée par l’amour de ses collègues de travail, qui ont su l’écouter et alerter les forces de l’ordre », avait ajouté l’avocat général.
12 ans de réclusion criminelle requis
Le représentant du ministère public avait requis 16 ans de réclusion criminelle en raison de « l’extrême gravité des faits ». L’accusé a finalement été condamné à 12 années de prison.
A sa sortie de prison, son client sera astreint à un suivi socio-judiciaire de cinq ans, qui comprendra une injonction de soins, une interdiction de contacts avec son ex-femme et leurs deux fils et une obligation de les indemniser. S’il ne s’y pliait pas, il risquerait alors de purger trois années supplémentaires d’emprisonnement.
Il lui est aussi interdit de détenir une arme pendant cinq ans, et son nom a été inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS), ce qui l’obligera à pointer au moins une fois par an pendant 20 ans à la brigade de gendarmerie ou au commissariat de police le plus proche de son domicile.
30 000 € de dommages et intérêts
Sur le plan civil, il devra verser 30 000 € de dommages et intérêts à son ex-épouse pour les « souffrances » qu’elle a endurées et son « angoisse de mort imminente ». S’ajouteront 2 000 € supplémentaires pour ses frais de santé et son préjudice esthétique, et 4 000 € pour ses frais de justice. Il devra aussi verser 6 000 € de préjudice moral et 2 000 € de dommages et intérêts à chacun de ses deux fils.